Par Sandra Embollo
«Il n’y a plus de marge de manœuvre pour le Mexique et le Canada. Les droits de douane sont un fait. Ils entreront en vigueur demain (mardi) », a assuré Donald Trump à des journalistes à la Maison Blanche ce lundi.
Le Canada a dans la foulée annoncé mettre en place des droits de douane sur les produits américains, dès ce mardi 4 mars, en représailles, a déclaré lundi le Premier ministre Justin Trudeau, estimant que « rien ne justifiait ces mesures » américaines. « Si les droits de douane des États-Unis entrent en vigueur, le Canada ripostera à compter de minuit en mettant en œuvre des droits de douane de 25% sur 155 milliards de dollars de marchandises américaines », a indiqué le chef du gouvernement canadien dans un communiqué.
La Chine a aussi informé instaurer des droits de douane supplémentaires de 15% sur une série de produits américains, dont le poulet, le blé, le maïs ou le soja, en riposte à l’entrée en vigueur de nouvelles taxes américaines sur les produits chinois. D’autres produits américains importés tels que le sorgho, le soja, le porc, le bœuf, les produits de la mer, les fruits, les légumes et les produits laitiers feront l’objet d’une taxe supplémentaire de 10%. « Washington, en agissant unilatéralement, porte atteinte au système commercial multilatéral » et « fragilise les bases de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis », a justifié le ministère chinois des Finances dans un communiqué. Les nouvelles taxes entreront en vigueur après le 10 mars 2025, précise le communiqué.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a, elle, déjà assuré que le Mexique avait « un plan A, un plan B, un plan C et un plan D » contre ces nouvelles taxes.
Inquiétude pour l’industrie automobile
Le sort de l’industrie automobile inquiète tout particulièrement. Au cœur des échanges entre le Canada, les États-Unis, mais aussi le Mexique, elle risque de pâtir le plus de la décision. 225 milliards de dollars de biens automobiles transitent entre ces trois pays signataires d’un accord de libre-échange. « Ce qu’il faudra faire, c’est construire des usines automobiles et d’autres choses aux États-Unis et dans ce cas, il n’y aura pas de droits de douanes. C’est ce que je vais dire aux Canadiens et aux Mexicains. Ils doivent construire ici. Ce sera bien mieux, parce que nous sommes le marché où ils vendent le plus. Donc je pense que ça va être très bien. Très bien pour les constructeurs automobiles », a assuré Donald Trump.
Ces dernières semaines, les appels se sont multipliés de la part des industriels pour empêcher l’application des taxes voulues par le président américain. La semaine dernière, le président du groupe automobile franco-italien Stellantis a fustigé des taxes qui frapperont de manière disproportionnée des constructeurs qui ont des usines aux États-Unis.
Autrement dit, Donald Trump se tire une balle dans le pied et menace sa propre économie. Stellantis comme Ford se sont établis à Windsor dans l’Ontario pour servir le marché américain. Pour l’économie du Canada, le risque est majeur et Ottawa craint une récession de près de 2,4% et la perte de 1,5 million d’emplois.
Mais plus fondamentalement, c’est la relation historique de confiance entre deux voisins qui se trouve menacée. Donald Trump piétine l’accord de libre-échange qu’il avait contribué à négocier avec le Canada et le Mexique en 2020.