Par Mon’Esse
Le ministre camerounais en charge de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a lancé une sévère mise en garde aux dirigeants du Conseil camerounais du croissant lunaire (Cccl), accusés de s’être permis de diffuser un communiqué annonçant la fin du mois de jeûne de ramadan pour le 29 mars, impliquant ainsi la fête pour le lendemain.
Invoquant une
«imposture qui n’a que trop duré et qui sème la confusion inutile dans les esprits à un moment où les fidèles musulmans doivent remercier Allah Tout-puissant et miséricordieux pour une fin heureuse de cette période de prières, de pardon, de pénitence et de générosité»,
il a indiqué que seule la Commission nationale du croissant lunaire (Cncl), à travers son porte-parole, le Pr. Souley Mane Bouba, est habilitée à communiquer sur le début et la fin du mois de ramadan.
A travers cette immixtion intempestive dans un domaine déjà miné par des querelles de clocher, M. Atanga Nji prend le risque de promouvoir un organe illégal au détriment de structures officiellement commises à la tâche.
Le Conseil camerounais du croissant lunaire (Cccl), organe consensuel, est en effet né en février 2021 de l’accord entre l’Association culturelle islamique du Cameroun (Acic), l’Association solidaire pour la vocation islamique du Cameroun (Assovic) et l’Union islamique du Cameroun (Uic).
Le 7 avril suivant, ce regroupement, à travers ses leaders et dont le premier et le troisième membres sus-cités ont été reconnus par décret présidentiel, informe le ministre en charge du Culte (Minat) de la mise en place d’un organe de gestion, un cadre de concertation, d’information, de formation et de sensibilisation sur le calendrier hégirien.
C’est donc cette instance qui a, sous l’égide de l’Association pour l’observation astronomique (AOA), entre autres, en charge l’annonce du début et de la fin des mois islamiques, de la période de ramadan ainsi que des événements importants de l’islam.
Quant à la Cncl, dans les cercles islamiques du Cameroun, personne ne lui reconnaît de simple récépissé délivré par un sous-préfet. En terme de comparaison, personne n’imagine des catholiques ou protestants acceptant que leur pratique religieuse soit confiée à un organe illégal, fût-il soutenu par le Minat.
A la vérité, le Pr Souley Mane Bouba et ses protégés ne souhaitent aucun consensus avec des associations habilitées, mais ambitionnent juste de s’arroger les pleins droits de faire et défaire le calendrier du culte islamique au Cameroun.
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Qui plus est, beaucoup, au sein de la confession et au moment où le Minat semble ignorer le fait que le Cccl dispose également de ses propres méthodes, donc des télescopes offerts à l’Uic par le Royaume Saoudien; et traditions pour déterminer le début et la fin du jeûne du ramadan, en sont à se demander en quoi la Cncl serait-elle la seule institution crédible, au sein du monde musulman du pays.
Le 12 juin 2021 à Yaoundé, se tenait une réunion d’évaluation des activités du Cccl, trois mois après sa mise en place, avec la participation d’une dizaine d’associations et d’organisations confessionnelles musulmanes.
Au lendemain de la troisième réunion du Cccl, le 28 mars de l’année suivante, placée sous l’égide de l’Acic et qui aura connu la présence effective des trois présidents d’associations islamiques autorisées et de leurs bureaux respectifs, l’on commencera à déplorer l’absence aux travaux des représentants du Cncl, et ce jusqu’à la signature du protocole d’accord, le 3 avril. Et pourtant, le nom du fameux Souley Mane Bouba n’a jamais manqué dans les précédentes fiches de présence.

Cheicikh Moubarak, président UIC
Feissal Mounir, président Assovic
Dr Abdel Wabab, secrétaire permanent ACIC aujourd’hui décédé
Et Souley Mane de la commission nationale du croissant lunaire.
Depuis cette désolidarisation tacite, l’Acic, déterminée à conserver l’exclusivité de la gestion du croissant lunaire au Cameroun à travers la Cncl, est née une sorte de lever de boucliers derrière les deux autres organisations.
Ici et là, des voix se sont élevées pour dénoncer la tournure politique prise par ce dossier, derrière lequel apparaît la signature de pontes du régime tapis dans l’ombre, faisant feu de tout bois pour détruire la dynamique qui prenait corps.
Au cours d’une assise à Douala, le bureau exécutif de l’Assovic a ainsi eu à fustiger le comportement de certaines autorités administratives, qui semblaient agir de manière disproportionnée sur cette question, et aujourd’hui Paul Atanga Nji ne fait pas autre chose en attisant les flammes de la division.