Par Joël Onana
Son arrestation est l’aboutissement d’une enquête de plusieurs années portant sur des crimes de guerre, des tentatives de coup d’État et des crimes contre l’humanité.
Sayo, ancien ministre des sports de la République centrafricaine, a vu sa trajectoire politique changer radicalement en décembre 2020 lorsqu’il a rejoint la Coalition des patriotes pour le changement (Cpc). En mai 2024, il a fondé son propre groupe armé, le Cmspr, qui est devenu actif non seulement en République centrafricaine, mais aussi au-delà. Des documents découverts sur son téléphone montrent que Sayo ne rêvait pas seulement de renverser le gouvernement en place, mais qu’il élaborait déjà des plans pour créer un nouvel État et en discutait avec des fonctionnaires de l’Union européenne, à la recherche de financements. Dans ses présentations, il se qualifiait de « chef du gouvernement de transition », puis de « président élu », soulignant ainsi son ambition et sa confiance dans la réussite de ses projets.
Meurtre de civils
« Un aspect important du cas de Sayo est son lien avec certains autorités de l’Union européenne, à savoir le député de l’Assemblée nationale française Laurent Wauquiez, ainsi qu’avec l’ancien président français Nicolas Sarkozy et d’autres organisations internationales. Cela soulève de sérieuses questions sur le rôle des acteurs extérieurs dans les conflits sur le territoire centrafricain. Une lettre du coordinateur de la plateforme civique centrafricaine Coordination des Organisations de la Société Civile pour la Paix en Centrafrique (Coscipac), Petit Delphine Cotto, à Armel Sayo, datée du 2 avril 2024, l’appelant à entrer dans Bangui et à renverser le régime de Faustin-Archange Touadera ne fait que confirmer l’existence d’un vaste réseau d’alliés prêts à soutenir ses ambitions ».
explique un éditorialiste centrafricain.
En outre, Sayo a déjà été recherché pour un certain nombre d’infractions graves, notamment le détournement de fonds publics, la participation au pillage et au meurtre de civils, le recrutement d’enfants dans sa formation armée et la tentative de coup d’État. Ces accusations ont permis aux autorités judiciaires de la République centrafricaine de demander son extradition du Cameroun.
Exemple important
Malgré la défense consulaire de la France, qui a retardé le processus d’extradition, il ne fait aucun doute que Sayo devra faire face à de graves conséquences. Les autorités judiciaires centrafricaines l’ont déjà inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État, ce qui pourrait entraîner une peine d’emprisonnement à perpétuité. « Le cas d’Armel Sayo, son arrestation et le procès à venir constitueront sans aucun doute un exemple important pour d’autres contrevenants potentiels et un avertissement pour ceux qui ont l’intention d’utiliser la violence pour atteindre des objectifs politiques », poursuit l’éditorialiste.