Par Mon’Esse
Une nouvelle accélération de l’inflation a été observée en septembre 2024 au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), mettant un terme à une période de 14 mois consécutifs de ralentissement, selon le rapport sur la politique monétaire, publié en fin décembre par la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac).
Au terme du 3ème trimestre de l’année dernière, cette perte du pouvoir d’achat de la monnaie, se traduisant par une augmentation générale et durable des prix, en moyenne annuelle dans la sous-région, a néanmoins poursuivi sa tendance baissière amorcée depuis plus d’un an, mais est demeurée au-dessus du seuil communautaire de 3%.
Son taux, en moyenne annuelle, est ainsi revenu de 4,8% en juin à 4,5% en septembre 2024, contre 6,2% un an plus tôt.
En glissement annuel, le taux d’inflation est descendu à 4,3%, contre 5,0% en juin 2024 et 5,2% en septembre 2023, un niveau encore élevé en lien, entre autres, avec les effets des changements climatiques, notamment les inondations, les coûts encore élevés des intrants agricoles, la pression de plus en plus forte de la demande au Tchad suite à l’afflux de réfugiés soudanais, ainsi que les effets des révisions à la hausse des prix des carburants à la pompe, intervenus au Cameroun et au Tchad.
En termes de contributions relatives par pays, en glissement annuel à fin septembre 2024, le Cameroun, avec un poids de 52% de la consommation totale dans la zone et un niveau d’inflation élevé à 4,4%, continue de porter la dynamique des prix de la sous-région avec une contribution qui est remontée à 55,1 points (contre 46,3 points en juin 2024), suivi du Tchad (30,9 points, contre 36,5 points en juin 2024), de la Guinée Equatoriale (6,8 points, contre 8,5 points trois mois plus tôt), du Congo (5,1 points, contre 6,4 points en juin 2024), de la République Centrafricaine (1,3 point, après 0,7 point en juin 2024) et du Gabon (0,7 point, après 1,6 point en juin 2024).
En termes de fonction de consommation, en glissement annuel, la Beac précise que la dynamique de l’inflation en zone Cemac a été impactée à fin septembre 2024 principalement par une contribution de la fonction «produits alimentaires et boissons non alcoolisées» de 2,3 points, contre 2,4 points un an auparavant, tandis que l’apport de la fonction «transport» (contenant le poste lié aux prix des carburants) est revenu à 1,0 point après 1,3 point un an plus tôt, alors que l’inflation des produits alimentaires connaissait une nouvelle accélération en septembre 2024, après 5 mois consécutifs de ralentissement.
Les mécanismes à l’origine de la dynamique des prix, au sein de la Cemac, notamment sur le plan externe, ont continué d’évoluer à la hausse, avec la poursuite de la remontée des coûts du fret maritime suite aux perturbations du trafic causées principalement par les attaques de navires menées par des rebelles houthis au Yémen.
Comparée à ses principaux partenaires, le différentiel d’inflation de la Cemac a, à fin septembre 2024, été défavorable vis-à-vis de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa, 2,0 points, après 1,3 point en juin 2024, contre 2,9 points un an plutôt), des États-Unis (4,1 points, après 3,9 points en juin 2024 et 3,1 points en septembre 2023), de la zone euro (4,0 points, contre 3,2 points 3 mois auparavant et 1,4 point un an plutôt), et de Chine (5,3 points, après 5,7 points en juin 2024 et 5,7 points en septembre 2023).
Dans l’autre sens, et par rapport au Nigeria, le différentiel d’inflation est resté favorable (-27,0 points, contre -28,4 points en juin 2024, -21 points en septembre 2023).
En ce qui concerne l’inflation, suivant l’origine des biens et services, la composante locale, qui représente près de 73,0% du panier de la ménagère, reste le moteur de l’inflation dans la Cemac où les prix des produits locaux ont décéléré, tandis que les prix importés repartaient à la hausse, en raison de la remontée des prix des produits alimentaires et pétroliers au niveau mondial observée depuis début 2024.
Quant à l’inflation d’origine importée, en glissement annuel, elle s’est maintenue dans une dynamique haussière, entamée depuis novembre 2023, à 4,0% en septembre 2024 contre 3,1% en juin 2024 et 2,7% un an auparavant. L’inflation locale s’est hissée à 4,7% à fin septembre 2024 comme en septembre 2023, contre 5,4% en juin 2024.
A fin décembre 2024, les prévisions de la Beac tablaient globalement sur la poursuite de l’atténuation des pressions sur les prix qui resteraient encore hauts, avec un taux d’inflation sous-régional au-dessus du seuil communautaire.
Dans la Cemac, et par rapport à septembre 2024 où elle devrait se situer à 4,4%, les perspectives en matière d’inflation demeurent baissières, bien qu’élevées, le taux devant se maintenir au-dessus de 3,0% jusqu’en 2025, demeurant à 2,0% en 2026 et 2,1% en 2027.