Par Ilyass Chirac Poumie
«Je lui ai dit : “il ne faudrait pas que j’attende la proclamation définitive ; il faut que, dès à présent, je puisse reconnaître la victoire de Wade ; je crois que ça vaut mieux pour calmer le jeu.” […]
J’ai ensuite demandé à mon secrétaire d’appeler Wade […] Je lui dis : “félicitations, je te souhaite plein de succès.” Il me dit : “Ah merci !” […]
C’est à ce moment que j’ai envoyé mon communiqué, donc il n’y a jamais eu d’hésitation de mon côté. »
(…)
« Après avoir reconnu la victoire de Wade, quelques temps après, il fallait organiser le déménagement du Palais de la République. […] Abdoulaye Wade a demandé à me voir, je l’ai reçu, je l’ai félicité et nous avons échangé des propos pleins de cordialité. À la fin, je lui dis : “mais quand est-ce que tu veux prêter serment ?” […] Il me dit : “je pensais au 31 mars.” […] Je dis à Wade : “je suis à ta disposition. Dans mon agenda, c’est toi qui as la priorité. Je suis là, tu es le chef de l’État, c’est toi qui as la priorité, fais ce que tu veux.” »
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« Quand Wade était venu me voir […] il m’a dit : “je ne pourrai pas aller à la réunion du Caire, je voudrais que tu ailles me représenter.” […] Avant cela, j’avais fait la passation de service après la cérémonie de la prestation de serment. Ensuite, nous nous sommes retrouvés au Palais. Wade était là avec sa femme et ses enfants, j’y étais moi-même avec ma femme et mes enfants. Nous avons reçu ceux qui étaient là, nous avons visité le Palais. J’ai présenté à Wade le personnel, le Grand Chancelier de l’Ordre National du Lion et, après cela, j’ai pris congé. »
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« J’ai passé en revue la garde présidentielle qui m’a présenté les honneurs, je suis allé à la sortie du Palais et je suis entré dans ma voiture. […] Quand Wade venait au Palais, j’entendais le cortège venir aux cris de SOPI, SOPI […] Mais quand je suis sorti, les SOPI se sont subitement tus. […] Tous ceux qui criaient SOPI, SOPI se sont mis à applaudir. […] À l’aéroport, il y avait là tous mes camarades étreints par l’émotion. […] J’ai écouté l’hymne national pour la dernière fois en tant que Président de la République. »
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« À mon arrivée au Maroc […] j’ai poursuivi mon voyage au Caire […] Tous les Chefs d’État étaient là. Ils me disaient : “c’est formidable ce que vous avez fait, vous avez notre admiration, notre respect.” […]
C’était une alternance qui devait s’imposer et c’était forcément très dur pour nous, pas pour partir, mais pour les choses qu’on allait entendre, toutes ces choses que j’ai entendues par la suite, les transhumances, etc. »
