Par Ilyass Chirac Poumie
Le climat politique reste tendu au Cameroun, plus de trois semaines après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Ce lundi, Mamadou Mota, figure de l’opposition et vice-président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a publié un communiqué au ton ferme depuis Maroua, dans l’Extrême-Nord du pays. Intitulé « Halte aux arrestations arbitraires et au tribalisme d’État », le texte dresse un réquisitoire sévère contre le pouvoir en place.
L’opposant y dénonce « la négation cynique de la légalité » et « l’usage systématique de la violence » qu’il attribue au régime en place. Selon lui, la crise postélectorale, marquée par plus de trente morts et de nombreuses arrestations « au faciès », révèle « l’entêtement funeste d’un pouvoir résolu à confisquer la transition politique ».
Mamadou Mota accuse le gouvernement de mener des « expéditions punitives » ciblées, qui aggravent le
« fléau endémique du tribalisme d’État ». Il estime que ces pratiques trahissent « l’échec cuisant du régime à construire une nation unie », préférant « instrumentaliser les divisions ethniques pour sa propre survie politique ».
L’opposant évoque également la répression sanglante des manifestations postélectorales, au cours desquelles plus de 30 personnes auraient perdu la vie. Il qualifie ces exactions d’
« atteinte intolérable aux droits fondamentaux », accusant le régime de couvrir ces violences sous « le voile hypocrite d’une prétendue stabilité ».
Dans son communiqué, Mamadou Mota appelle la communauté internationale — notamment les Nations Unies, l’Union Africaine, l’Union Européenne, la France et les États-Unis — à sortir du simple stade de la « préoccupation ». Il exige des « sanctions ciblées et immédiates » contre les auteurs de violations graves des droits humains, ainsi que la création d’une « commission d’enquête internationale indépendante et impartiale » sur les violences postélectorales.
Le vice-président du Mrc demande en outre la
« libération immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues arbitrairement pour avoir exercé leurs droits civiques et politiques ».
Pour lui,
« le silence face à l’injustice est une complicité », et l’inaction internationale reviendrait à « donner un chèque en blanc à la tyrannie ».
Mamadou Mota, plusieurs fois arrêté par le passé pour ses activités politiques, est devenu l’une des voix les plus critiques du régime de Paul Biya. Son communiqué intervient dans un contexte de tensions persistantes à travers le pays, marqué par le mot d’ordre de ville morte lancé par Issa Tchiroma Bakary et par la contestation de la réélection du président sortant. Les organisations de défense des droits humains ont également fait état de multiples violations, dont des arrestations arbitraires, des détentions sans procès et des violences ciblées dans plusieurs régions du Cameroun.
LIRE EN INTÉGRALITÉ LE MESSAGE DE MAMADOU MOTA
Communiqué : Halte aux arrestations arbitraires et au tribalisme d’État au Cameroun !
Maroua, le 3 novembre 2025Face à la négation cynique de la légalité et à l’usage systématique de la violence qui ravagent le Cameroun, nous élevons une voix d’indignation et d’exigence. La crise postélectorale, marquée par plus de 30 morts et une vague d’arrestations arbitraires au faciès, dévoile l’entêtement funeste d’un régime résolu à confisquer le pouvoir, barrant la route à toute perspective de transition pacifique.
Le pouvoir en place, drapé dans l’arrogance d’une longévité contestée, persiste à gérer la République non pas avec l’aptitude à désamorcer une crise sans effusion de sang, mais avec l’inadaptation des menaces et l’émission de décibels et de proverbes saugrenus de certains ministres, semblant s’adresser à des enfants turbulents plutôt qu’à un peuple souverain.
Ce simulacre d’autorité se traduit par des arrestations ciblées qui ne sont rien d’autre que des expéditions punitives, aggravant le fléau endémique du tribalisme d’État. Ces pratiques ne font que souligner l’échec cuisant du régime à construire une nation unie, préférant l’instrumentalisation des divisions pour sa propre survie politique.
La mort de plus de 30 citoyens, conséquence directe de l’usage excessif et souvent létal de la force contre des manifestations majoritairement pacifiques, constitue une atteinte intolérable aux droits fondamentaux, y compris le droit à la vie et à la liberté de réunion. Ces actes, dignes des heures les plus sombres, ne sauraient rester impunis sous le voile d’une prétendue “stabilité” que le régime s’emploie lui-même à démolir.
À la manière de Maître Jacques Vergès, nous affirmons : face à la force brute, l’argumentaire de la justice et du droit est la seule arme qui vaille. La gestion d’une République n’est pas la compétence à brandir l’intimidation, mais l’art de garantir la sécurité et la dignité de tous.
Nous nous adressons solennellement à la Communauté Internationale (Nations Unies, Union Africaine, Union Européenne, France, États-Unis, etc.) : le temps de la simple “préoccupation” est révolu.
Nous exigeons des sanctions ciblées et immédiates à l’encontre des responsables de ces violations graves des droits humains, des instigateurs du tribalisme d’État et de ceux qui ordonnent les arrestations arbitraires.
Nous demandons la mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante et impartiale sur les violences postélectorales et les décès survenus.
Nous réclamons la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes détenues arbitrairement pour avoir exercé leurs droits civiques et politiques.
Le silence face à l’injustice est une complicité. L’inaction face à la confiscation du pouvoir par la violence est un chèque en blanc donné à la tyrannie. Que l’on ne vienne pas pleurer demain sur les ruines d’un pays que l’on aura laissé sombrer par peur de dénoncer les bourreaux d’aujourd’hui. L’histoire jugera !Mamadou MotaUne dépêche stp
