Par Eric Boniface Tchouakeu
Ce sont donc environ 600 personnes qui sont conviées à ce rendez-vous dont l’ordre du jour n’a pas été annoncé.
Il n’échappe cependant à personne que cette réunion interviendra à quelques jours de la publication du décret portant convocation du corps électoral en vue de l’élection présidentielle attendue cette année suivant le calendrier électoral.
Et à l’intérieur du parti, deux courants au moins s’affrontent. Le premier demande la rupture de la plateforme gouvernementale signée en novembre 1997 entre l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès et le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir, afin de permettre à l’UNDP de présenter son propre candidat, ou de soutenir une autre candidature autre que celle du pouvoir sortant au futur scrutin présidentiel.
Après avoir boycotté la présidentielle de 1997, l’Undp a soutenu les candidatures de Paul Biya au scrutin de même nature qui ont suivi en 2004,2011 et 2018. En 2025, certains adeptes de ce premier courant, composés en majorité des jeunes et la base de l’Undp, appellent Bello Bouba Maigari à candidater à la prochaine présidentielle comme en 1992, scrutin au cours duquel il était arrivé 3ème avec un peu plus de 19% des voix derrière dans l’ordre décroissant Paul Biya et John Fru Ndi.
Les partisans de l’autre courant dans lequel on trouve certains caciques du parti, sont plus tôt pour le maintien du statu quo, et donc de l’alliance entre le Rdpc et l’Undp dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
L’actuel système électoral encore « verrouillé » au profit des tenants du pouvoir sortant, et l’impréparation d’une candidature « autonome » à quatre mois environ de l’échéance, ne permettraient pas d’après d’autres militants de cette tendance, à l’Undp de remporter la prochaine présidentielle.
Dans le premier article de leur accord de 1997, l’Undp et le parti au pouvoir s’engagent à travailler ensemble pour mettre sur pied notamment un code électoral consensuel. 28 ans après, au sein des deux courants du parti, tout le monde est unanime sur le fait que le premier objectif de cet accord n’a pas été atteint, tout comme de nombreux autres points concernant par exemple le découpage électoral ou encore l’introduction d’une certaine dose de proportionnelle dans le système électoral.
Le 28 juin prochain, les participants à la réunion du Comité Central devront décider si l’UNDP poursuit ou rompt son alliance avec le parti au pouvoir. Selon certaines indiscrétions, la tendance majoritaire est favorable à la dénonciation de cette alliance.
De quel côté va finalement se ranger le Ministre d’Etat Bello Bouba Maigari, tout puissant leader du parti ?
Il a en tout cas, le choix entre suivre sa base constituée de jeunes loups prêts pour certains, à quitter le navire si jamais leurs aspirations ne sont pas prises en compte ; et un tel choix impliquerait pour lui, la rupture de son alliance avec le parti au pouvoir et son éventuellement départ du Gouvernement.
Et l’autre option qui s’offre à Bello Bouba Maigari, est le maintient du statu quo au risque de faire imploser l’Undp à moins d’un an en théorie des législatives et des municipales.
L’Undp est la seule formation politique à contrôler en dehors du parti au pouvoir, une région (l’Adamaoua) sur les 10 et une grande mairie de ville (Ngaoundéré) sur les 14 que compte le Cameroun.
Avec sept (07) députés, très loin toutefois derrière le parti au pouvoir qui détient plus des deux tiers des sièges, l’Undp est la deuxième force politique à l’Assemblée Nationale. Le parti contrôle aussi 16 communes, là aussi loin des 316 du Rdpc, essentiellement dans les régions septentrionales du Cameroun. Mais c’est beaucoup plus que le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (Pcrn), troisième formation politique en termes de nombre de mairies avec sept (07).
De ce fait, l’Undp est donc un allié de poids du parti au pouvoir sur la scène politique, et un éventuel divorce entre les deux, constituerait un grand choc dans le camp de la majorité présidentielle sortante et pourrait profiter à l’opposition lors du scrutin présidentiel à venir.
Il est d’ailleurs possible, que plusieurs surprises et autres coups de théâtre soient enregistrées sur la scène politique d’ici à cette élection très tendue et annoncée comme cruciale pour l’avenir du Cameroun par de nombreux observateurs.