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Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Le message du président de la République est cousu de sous-entendus et d’ellipses, traduisant une relation compliquée ou complexe entre le pouvoir et les jeunes. Presque les 3/4 de la population camerounaise a vu le jour sous le régime du Renouveau national, aujourd’hui quarantenaire. Cela signifie en clair que cette couche démographique, évalue le régime non pas en termes de ce qui est dit ou écrit, mais à partir de ses conditions de vie au jour le jour.
Le président Biya le sait, l’élection présidentielle de 2025 se fera avec les jeunes, qui à l’observation des faits d’aujourd’hui, seront les plus déterminés à prendre leur destin en main. Cela a du sens. “Je comprends votre souhait légitime de voir vos rêves se réaliser et vos conditions de vie s’améliorer. Il est tout à fait naturel que vous attendiez du gouvernement des solutions appropriées aux préoccupations qui vous concernent et qui sont essentielles à votre épanouissement”, est un des paragraphes du message présidentiel dont la suite de la pensée est abandonnée subrepticement. De manière plus explicite, il dit à la jeunesse qu’elle a le droit de réclamer du gouvernement des conditions de vie meilleure. Mais il ne dit pas à cette jeunesse ce qu’elle doit faire si le pouvoir ne remplit pas ses attentes. Comme qui dirait, je sais que tu souffres mais je n’y peux rien! Ici, le chef de l’Etat n’exprime pas ouvertement l’incapacité de son gouvernement face à la demande herculéenne de la Jeunesse. Conscient que cette masse populaire pourrait demander les comptes dans les urnes, en sanctionnant le régime, Paul Biya fait le procès des partis de l’opposition. “Cette année, se tiendront encore dans notre pays , d’importantes échéances électorales.
Ce sera l’occasion pour ceux d’entre vous qui remplissent des conditions légales, d’exercer librement leur devoir citoyen. Il vous appartiendra le moment venu de faire votre choix dans le calme et la sérénité”, est un autre paragraphe où Paul Biya demande à ses jeunes concitoyens de voter dans le calme laissant entendre que la jeunesse pourrait aller au vote en colère. Qu’est-ce qui peut conduire la jeunesse à perdre son calme le jour du vote? Ces derniers temps, ils sont de plus en plus nombreux à se bousculer dans les antennes d’Elecam pour s’inscrire sur les listes électorales. Il y a comme si Paul Biya n’a pas livré tout le fond de sa pensée car généralement au Cameroun, les jeunes ne sont pas violents en période électorale. C’est un point d’ombre qui excite à penser que d’ici au mois d’octobre, il pourrait survenir des circonstances à même d’énerver les jeunes gens au point qu’ils perdent leur calme et leur sérénité le jour du vote.
On commence à percevoir quelques indices quand il demande dans la foulée aux jeunes de ne pas prêter l’oreille aux sirènes du chaos, que font retententir certains “irresponsables”. Il exhorte la jeunesse par conséquent de ne pas se laisser servir par ces derniers “pour assouvir leur dessein pernicieux, à savoir créer le désordre dans notre cher et beau pays” Question: qui veut créer le désordre le jour de l’élection ? Certains partis politiques ? Les acteurs de la société civile ? Et pourquoi ? Le chef de l’Etat n’en dit mot. Il enfonce le clou en laissant supposer que l’opposition pourrait être à la manœuvre : ” ne vous laissez pas endormir par des promesses fallacieuses et pour la plupart irréalisables qu’ils essaient de vous vendre”.sur le fil de cet argumentaire et ses pointillés, on comprend que Paul Biya redoute ce que les jeunes gens pourraient dans leur fougue se laisser aller au cours de la période électorale au cas où il y aurait des couacs. Il se murmure de plus en plus, la possibilité de mettre hors jeu de la compétition certains tenors de l’opposition.
De toute évidence, le président de la République serait déjà en train de faire une mise en garde policée à l’endroit des jeunes. Il finit en leur rappelant tout de même que, lui Paul Biya, continuera d’être à leur côté pour relever les défis auxquels ils sont confrontés. Une autre façon certainement de dire que son bilan à la tête de l’Etat plaide en sa faveur. La suite du temps avec ses incertitudes exposera si ce message est reçu cinq sur cinq ou pas du tout. A partir de Juillet où le Corps électora sera convoqué et la suite du processus engagée, l’actualité révisera la conviction des uns et des autres.
