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États-Unis > Énergie: Le pétrole et le gaz canadien captifs du marché américain

La menace du président américain désigné Donald Trump d’imposer au Canada des tarifs de 25 % sur les exportations énergétiques et autres produits canadiens rappelle une vérité bien connue dans le milieu de l’énergie : la sécurité passe par la diversification de ses fournisseurs, mais aussi de ses clients.

by Panorama Group, LLC
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Par Julie Peh

Actuellement, la quasi-totalité des exportations d’énergie fossile du Canada se dirige vers les États-Unis. Avec presque un seul pays achetant son pétrole et son gaz, le Canada s’est placé dans une situation de vulnérabilité que la menace tarifaire vient exposer de manière crue. Cette dépendance envers le marché américain crée une situation inconfortable : elle enlève aux producteurs canadiens tout pouvoir de négociation face à leurs clients au sud de la frontière.

La menace de Donald Trump dévoile aussi une autre vulnérabilité dans le domaine de l’énergie fossile au Canada : son accès difficile à la mer et la difficulté de l’acheminer vers des ports d’exportation pour d’autres clients que les États-Unis. L’industrie fossile canadienne pourrait tirer des revenus plus importants si son pétrole et son gaz pouvaient être vendus ailleurs qu’aux États-Unis.

En participant à l’approvisionnement énergétique d’autres pays, malgré le déclin nécessaire des énergies fossiles pour lutter contre le dérèglement climatique, le pays pourrait aussi consolider de précieuses alliances, notamment en Europe et en Asie.

Cette emprise du marché américain est due à la géographie. L’Alberta et, dans une moindre mesure, la Saskatchewan, principales provinces productrices de pétrole, n’ont pas accès à la mer et à des ports en eaux profondes pouvant acheminer leurs ressources vers d’autres marchés.

Trans Mountain, une ouverture vers d’autres marchés

C’est l’objectif du projet Trans Mountain, qui permet d’acheminer du pétrole albertain vers un port localisé en Colombie-Britannique. Inauguré l’an dernier, ce projet permet enfin au pétrole albertain d’atteindre d’autres clients à l’international.

Pendant ce temps, aux États-Unis, la technologie de fracturation hydraulique et de forage horizontal, maîtrisée au milieu des années 2010, a rapidement permis au pays de produire tant de pétrole et de gaz de schiste qu’il a pu en exporter en grandes quantités outre-mer à partir du golfe du Mexique. En 2016, quelques années après cette révolution de schiste, les États-Unis ont mis en place huit terminaux pour exporter leur gaz vers l’Europe, puis vers l’Asie.

En à peine 10 ans, ils sont devenus les premiers exportateurs de gaz au monde. La moitié du gaz liquéfié importé par l’Europe vient des États-Unis, ce qui accroît considérablement son influence politique et économique sur le Vieux Continent.

Or, le Canada, quatrième producteur mondial de gaz, exportera sa première molécule seulement cette année, presque 10 ans après les États-Unis. Grâce à la mise en exploitation du projet LNG Canada, en Colombie-Britannique, le gaz canadien va combler une partie des immenses besoins énergétiques de l’Asie.

L’énergie, un enjeu clivant

Malheureusement, l’énergie est un enjeu clivant au Canada. On l’a bien constaté sous le gouvernement libéral actuel : ses politiques à l’égard du secteur fossile créent beaucoup de frustration dans l’Ouest canadien. En 2022, l’Alberta a même adopté un Sovereignty Within a United Canada Act pour protéger ses intérêts face à Ottawa.

Il en est autrement dans d’autres pays producteurs. La Norvège est à la fois un grand producteur fossile et un leader en énergie renouvelable. Le pays produit 2 millions de barils par jour, comble 3 % de la demande mondiale de gaz et consacre une partie des revenus qui en découlent à l’accélération de sa transition vers une économie verte.

Les Norvégiens reconnaissent amplement le défi des changements climatiques. Mais il existe un consensus assez bien établi pour ne pas céder leur place sur l’échiquier énergétique mondial, sachant que cela profiterait à d’autres producteurs moins soucieux de l’environnement. Les Norvégiens ont d’ailleurs considérablement augmenté leurs exportations de gaz vers l’Europe depuis 2022, à la suite des interruptions d’exportation de gaz de la Russie après son invasion de l’Ukraine. La Norvège a même remplacé la Russie comme principal exportateur de gaz vers le continent.

Une nouvelle approche en vue pour le Canada ?

Au Canada, une enquête de Nanos Research et Positive Energy, fin 2024, semble aller dans le sens de l’approche norvégienne. « Pour la première fois depuis le début de nos sondages de suivi, les Canadiens sont divisés sur la question de savoir si la protection de l’environnement au détriment de l’économie (46 %, un niveau historiquement bas) ou la croissance et la création d’emplois au détriment de l’environnement (44 %, un niveau historiquement haut) devraient être la priorité absolue », dit le sondage.

Bref, il semble que les Canadiens souhaitent, eux aussi, tirer le plus d’avantages possible de leurs immenses ressources, tout en maintenant un leadership environnemental en faveur des énergies décarbonées.

Cela passe par un accès à d’autres marchés que celui des États-Unis, qui n’hésitent pas présentement à malmener un partenaire pourtant réputé pour sa fiabilité.

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