Par Eric Boniface Tchouakeu
Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), du haut de sa posture de professeur de droit dans les universités au Cameroun et ailleurs, a réitéré à la foule de milliers de partisans venus des quatre coins de l’Europe et même d’Amérique, que sa candidature à la prochaine présidentielle était juridiquement inattaquable sur la base de la constitution et du code électoral.
Avant et même après cet évènement, certains au sein de l’opinion s’interrogent sur l’opportunité pour un candidat déclaré à l’élection présidentielle au Cameroun d’aller tenir un meeting en Europe où on n’enregistre qu’ environ 50 mille électeurs sur un peu plus de 08 millions d’inscrits sur les listes électorales à l’heure actuelle.
Au-delà d’apparaître comme une alternative aux multiples interdictions de manifestations dont sont souvent victimes les partis politiques de l’opposition à l’intérieur du pays, il convient d’admettre qu’il est plus qu’important pour un candidat à l’élection présidentielle au Cameroun de courtiser ses compatriotes établis à l’étranger.
Le scrutin présidentiel se déroulant en seul tour, les voix de la diaspora peuvent aider à départager les candidats en cas de résultats serrés entre ces derniers.
Par ailleurs, les Camerounais vivant à l’étranger ont un poids financier indéniable qui leur permet souvent d’investir dans le pays et de soutenir des membres de leurs familles dans le besoin restées sur place. Ils peuvent par ce fait, orienter ou influencer le vote des leurs au pays, même si chaque électeur dans l’isoloir est seul avec sa conscience au moment d’opérer son choix.
Maurice Kamto compte d’ailleurs énormément sur eux à qui il a tendu la main, pour réunir une bonne partie des six (06) milliards de francs CFA dont il a besoin pour financer sa campagne électorale.
Ce sont des Camerounais de l’étranger qui avait déjà presque exclusivement contribué dans le cadre de la collecte des fonds de l’initiative « Survie Cameroun », que l’opposant avait initié en avril 2020 pour venir en aide à leurs compatriotes de l’intérieur considérés comme abandonnés à leur sort par Maurice Kamto pendant la période de la pandémie du Covid 19.
On peut encore mentionner le fait que des activistes de la diaspora anglophone, contribuent en grande partie au financement des groupes armés séparatistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Et au-delà du financement et de l’entretien de la crise anglophone en cours depuis fin 2016 et qui s’est muée un an plus tard en insurrection sécessionniste, une partie de la diaspora anglophone mène de manière continue un intense lobbying avec plus ou moins de succès , auprès de certaines puissances, institutions et personnalités d’envergure internationales, afin d’orienter leurs positions sur la crise anglophone et le sort final des ressortissants de ce territoire du Cameroun anciennement administré par le Royaume Uni de Grande de Bretagne et d’Irlande du Nord.
La diaspora camerounaise dans son ensemble a donc la capacité de porter des plaidoyers et de mener des lobbyings à l’international pour influencer certaines décisions diplomatiques concernant le Cameroun.
Le meeting de Maurice Kamto en France apparaît aussi de ce fait comme un message aux partenaires extérieurs du Cameroun, en plus de l’impact psychologique que cela est susceptible d’avoir sur les Camerounais de l’intérieur, souvent très influencés par ce qui vient de l’extérieur, y compris les gouvernants.
Au finish, la diaspora camerounaise renferme une bonne partie des élites du pays, le terme « élite » pris au sens du sociologue Italien Vilfredo Pareto.